En grandissant dans la vallée du Fraser, en Colombie-Britannique, Emily Butcher était entourée de nourriture, qu’il s’agisse de son jardin familial, où elle cueillait des pois et des asperges avec son père, ou des dumplings qu’elle confectionnait avec ses tantes. Les repas amusants et dynamiques font grandement partie de ses souvenirs d’enfance. Emily est maintenant chef executif de Nola, l’un des nouveaux restaurants les plus en vogue de Winnipeg. Elle n’a pas perdu le contact avec ses racines; elle privilégie toujours les ingrédients locaux et de saison pour créer des plats intéressants.

Trouver un médium créatif

Bien que ce soit difficile à croire en raison de sa liste de réalisations sur le plan culinaire, Emily n’avait pas envisagé de devenir chef, même si elle a passé son enfance dans une cuisine. Elle accordait plutôt la priorité à ses études et pratiquait le piano classique et le ballet dans ses moments libres. Comme les études peuvent être une expérience solitaire, elle a eu envie d’un environnement plus énergique qui lui permettrait de créer quelque chose au sein d’une équipe. Pendant qu’elle terminait ses études, elle s’est retrouvée à travailler dans une cuisine les fins de semaine. Elle a alors songé à poursuivre des études culinaires et elle a testé l’idée de travailler dans le secteur du tourisme à temps plein. « J’en suis tombée amoureuse », se souvient-elle. « J’ai adoré le défi. Vous apprenez toujours. J’avais trouvé mon médium créatif. »

Un lieu à elle

Après ses études culinaires, la carrière d’Emily s’est étendue bien au-delà de la vallée du Fraser. Pendant qu’elle gravissait les échelons professionnels, passant de cuisinière à sous- chef puis à chef de cuisine, elle a travaillé en Norvège, visité Ottawa pour participer au Championnat culinaire canadien et s’est classée sixième à la neuvième saison de Top Chef Canada. Elle n’avait pas prévu au départ d’ouvrir son propre restaurant, craignant les risques qui s’y rattachaient. Malgré tout, le désir d’avoir son propre espace et menu s’est fait sentir. En 2021, elle a ouvert Nola, à Winnipeg, un endroit acclamé par la critique.

« Nola est un restaurant d’assiettes partagées », explique Emily. « J’ai toujours voulu créer un espace pour que les gens puissent s’échapper de leur quotidien, s’amuser et socialiser, et Nola m’a permis de le faire. »

Le menu de Nola est une ode aux souvenirs d’enfance d’Emily. Inspiré par son éducation et son héritage familial, le menu est unique et éclectique. Emily décrit le processus de création d’un

plat comme une sorte de paysage onirique. « Je prends généralement un ingrédient avec lequel je veux travailler, et tout part de là », dit-elle. « J’utilise un cahier et je griffonne des idées. J’élabore une carte mentale des saveurs et des textures que je veux créer… Incorporer des choses que j’aime, un peu de mes origines chinoises de la côte ouest. »

Des rêves qui deviennent réalité

De son travail, Emily préfère avant tout la collaboration et la passion commune, la création collective de différents plats et l’échange de compétences au sein de son équipe. « C’est un rêve que j’ignorais que j’avais, mais qui s’est concrétisé. »

Emily a également été chef invitée à RAW:almond 2023, un festival gastronomique en plein air sur les rivières gelées de Winnipeg qui réunit des chefs locaux et internationaux pour créer une expérience culinaire vraiment unique.

« Vous avez un cadre qui est déjà extraordinaire et des invités qui veulent être poussés hors de leur zone de confort », dit-elle. « J’ai l’impression que vous pouvez concevoir des menus un peu plus créatifs et audacieux. »

Emily aime aussi sortir de sa cuisine et se rendre aux tables pendant le service. Elle a alors l’occasion de parler avec les gens de leur expérience, de fournir des explications sur les plats d’intérêt et d’établir des liens avec ses clients.

« Je pense que les gens vont au restaurant pour vivre une expérience plutôt que pour goûter aux plats. Nous voulons vraiment créer un environnement accueillant. Nous tenons à ce qu’il y ait des conversations animées aux tables et que les gens fassent circuler la nourriture en discutant les uns avec les autres et en étant surpris des plats qu’ils reçoivent. Nous cherchons à créer un engouement dans la salle. »

C’est pour toutes ces raisons et bien d’autres qu’Emily recommande une carrière dans le secteur du tourisme. « Si vous voulez partager votre culture à travers une expérience, le tourisme peut vous permettre de le faire. »